Brian Cherney. Compositeur, professeur (Peterborough, Ontario, 4 septembre 1942). A.R.C.T. 1961, B.Mus. (Toronto) 1964, M.Mus. (ibid.) 1967, Ph.D. musicologie (ibid.) 1974. Dès son enfance, il manifesta un goût pour la composition. Chaque semaine, il effectuait le long trajet qui le séparait du RCMT pour y étudier le piano avec Margaret Miller Brown et Jacques Abram, ainsi que la composition avec Samuel Dolin. Il composa ses Variations pour orchestre pour l’obtention de sa M.Mus. sous la supervision de Weinzweig. À l’Internationale Ferienkurse für Neue Musik à Darmstadt, Allemagne, il assista en 1966 et 1969 à des conférences de György Ligeti, Karlheinz Stockhausen et Mauricio Kagel. Il devint prof. de matières théoriques et de composition à l’Université de Victoria (1971-72) et à l’Université McGill (1972 -). Parmi les textes qu’il a signés figure la seule biographie importante de Harry Somers (1975).
Dans ses premières oeuvres, Cherney fait siennes les techniques d’avant-garde du début du XXe siècle. Dans son Quatuor à cordes no 2 (1970, Prix McMaster 1971 de composition de musique de chambre), il faisait déjà appel sans hésiter aux nouveaux effets de cordes de l’école polonaise moderne ainsi qu’à la gestuelle théatrale de Kagel. L’élément théâtral continue de se remarquer plus tard, notamment dans Tangents I pour violoncelle seul (1975), Group Portrait – With Piano (1978) et Playing for Time (1981). La musique de Cherney se distingue par la calme intensité que suggèrent beaucoup de ses titres. Au fil des années, le compositeur s’est forgé un style personnel caractérisé par une grande rigueur de structure dans le langage harmonique et dans les proportions. Les idées musicales se répètent souvent d’une pièce à l’autre, soit littéralement, soit dans une version modifiée : dans la série des Mobile des années 1960, on remarque déjà la présence (dans la même oeuvre ou d’une oeuvre à l’autre) d’idées semblables présentées dans des perspectives, des instrumentations ou des rythmes divers. Le même procédé caractérise deux cycles récents de pièces interreliées : dans le premier, on trouve un titre comportant le mot « stillness » (par exemple, In Stillness Ascending), dans l’autre, l’influence de certains aspects du mysticisme juif (par exemple, Illuminations, composé pour I Musici). Un grand nombre de morceaux contiennent des références directes ou des allusions voilées à d’autres oeuvres, généralement tonales, mais elles restent cependant subordonnées au style évocateur et poétique propre à Cherney. Pendant les années 1980, l’influence de Debussy – dont la musique est souvent empreinte, elle aussi, d’une calme intensité – fut particulièrement sensible, moins dans le langage musical que dans l’orchestration, l’écriture pour piano et la coloration en général.
La musique de Cherney a été jouée et diffusée partout au Canada, aux États-Unis, en Amérique du Sud, au Japon, en Europe et en Israël. Son Trio à cordes (1976) et Into the Distant Stillness pour orchestre (1984) ont tous deux été reconnus à la Tribune internationale des compositeurs à Paris, le premier méritant à son auteur un premier prix ex aequo. En 1985, Cherney gagna le Prix Jules-Léger pour la nouvelle musique de chambre pour River of Fire, une oeuvre pour hautbois d’amour et harpe. Il a reçu des commandes de nombreux organismes et particuliers, dont le Festival de Stratford, la SMCQ, la SRC, l’Alliance for Canadian New Music Projects, les York Winds, le Congrès juif canadien, le Concours national de musique Eckhardt-Gramatté, l’Esprit Orchestra, Montréal Musiques actuelles, le Trio Basso Köln, Rivka Golani, Louis-Philippe Pelletier, John Grew, Joseph Petric et Vivienne Spiteri, ainsi que son frère, le hautboïste Lawrence Cherney. Brian Cherney est compositeur agréé du Centre de musique canadienne.
John Fodi et Bruce Mather
Tiré de L’encyclopédie canadienne
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/cherney-brian