Dust imagine le son comme un souvenir persistant ou un mirage que nous pourrions tenir dans nos oreilles. J’en imagine la fragilité et la légèreté comme une substance semblable à la poussière, flottant dans l’air et s’accumulant par endroits comme les fines particules d’une matière passée. Cette pièce s’inspire de mes deux intérêts persistants dans la musique : la mémoire du son et l’imagination du son. Dans «À la recherche du temps perdu »de Proust, les oeuvres du compositeur fictif Vinteuil sont décrites en détail et des historiens se sont penchés sur les compositeurs réels dont ces pièces sont inspirées. Comme je partage l’amour de Proust pour Beethoven, j’ai décidé de puiser mon inspiration personnelle pour cette pièce, et le concept de son imaginaire, dans son quatuor à cordes n° 15. En travaillant avec quelques fragments momentanés de l’œuvre, j’ai manipulé le son en une version imaginée de ce que ces moments pourraient être si les ondes sonores étaient laissées en suspension dans l’air indéfiniment. À l’aide d’un émetteur radio j’ai diffusé une de ces versions imaginaires sur une radio à lampes, permettant une convergence et une tension entre les signaux concurrents. L’oscillation du signal est devenue la principale source d’inspiration pour le caractère musical de la pièce. Les souvenirs musicaux et l’imagination sonore servent de mirages sonores momentanés qui surviennent dans notre plan sonore actuel. Ces interruptions musicales surgissent puis reviennent dans la matière sonore initale.
Keiko Devaux