Molinari Mutation Athématique
Guido Molinari, Mutation Athématique #1, 1965, Acrylique sur toile, 182,7 x 152,7 cm (collection de la Fondation Guido Molinari)

Papineau-Couture, Jean : Quatuor no.2 (1967)

Ce deuxième quatuor du compositeur est une commande de Radio-Canada, dans le cadre des festivités visant à célébrer le Centenaire de la Confédération canadienne. Dédiée à Nadia Boulanger à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, cette oeuvre fut exécutée pour la première fois par le Quatuor Orford, le 24 juin 1970.

Dans cet opus, l’accent est mis sur une écriture plus harmonique que contrapuntique, contrairement à ce qu’on pourrait attendre de cette petite formation instrumentale. Beaucoup plus chromatique que le premier quatuor, celui-ci semble à cheval entre la recherche d’une harmonie dodécaphonique et le recours aux techniques modernes de jeu qui caractérisent certaines oeuvres ultérieures. Alors que, dans les mouvements lents, quelques passages vigoureux se subordonnent à d’autres d’un lyrisme intime et méditatif, les mouvements rapides, pour leur part, rappellent l’écriture stratifiée de Stravinski, superposant les mélodies à de brefs motifs rythmiques en ostinato.

Paul Bazin

Pour se procurer la partition:

https://www.sheetmusicplus.com/title/quatuor-a-cordes-no-2-sheet-music/21850688

Jean Papineau-Couture (1916-2000)

À l’instar de plusieurs de ses contemporains, Jean Papineau-Couture (1916-2000) a mené une carrière aux multiples facettes. Débutant sa formation musicale à un tout jeune âge, à titre de pianiste, il aborde dans un premier temps la musique sous la tutelle de Gabriel Cusson (écriture) et de Léo-Pol Morin (piano), avant de se détourner de l’interprétation au profit de la composition. En 1940, grâce à une bourse que lui octroie le gouvernement du Québec, Papineau-Couture se rend aux États-Unis dans l’objectif d’y poursuivre sa formation dans le domaine de la création. Il étudie d’abord auprès de Quincy Porter (composition) et de Beveridge Webster (piano), au New England Conservatory of Music de Boston, avant de rejoindre, l’année suivante, la classe de la réputée pédagogue française Nadia Boulanger, à la Longy School of Music de la même ville. Auprès d’elle, le jeune compositeur parfait notamment sa maîtrise du contrepoint, et fait une rencontre déterminante : celle du compositeur Igor Stravinski, qui eut une influence considérable sur sa musique.

En 1945, le retour au Québec de Jean Papineau-Couture marque l’amorce d’une implication considérable – et sans cesse croissante –dans la mise sur pied et l’administration d’institutions aujourd’hui considérées fondamentales au maintient de la vitalité des scènes musicales locale et nationale. Il milite en faveur de la jeune musique canadienne, prenant part à la fondation de la Ligue canadienne des compositeurs (LCC) à Toronto, en 1951, de même qu’à celle de son organe de concert, la Société de musique canadienne (1954- 1968). Au fil des ans, il devient aussi, tour à tour, président de la LCC, de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) et du

Conseil canadien de la musique, avant d’occuper le poste de Doyen de la Faculté de musique de l’Université de Montréal (1968-1973). Il fut aussi membre-fondateur du Centre de musique canadienne et directeur de son bureau montréalais (1973-1980). Jusqu’au terme de sa vie, il fut maintes fois décoré des plus hautes distinctions décernées par les gouvernements fédéral et provincial.

Le style de Jean Papineau-Couture s’est beaucoup transformé au cours de sa carrière. D’abord tributaire des compositeurs français du début du siècle, l’esthétique néo-classique qui caractérise ses premières oeuvres renvoie tant à l’espièglerie de Poulenc qu’à la rythmique de Stravinski. Puis, au cours des années 1950, alors que le sérialisme gagne la faveur de plusieurs compositeurs, Papineau- Couture se tient à distance de cette nouvelle mouvance, préférant élargir son écriture harmonique à l’ensemble des demi-tons, sans toutefois en systématiser l’usage. S’intéressant aux propriétés du son, il approfondit plutôt les théories du compositeur allemand Paul Hindemith. Ultérieurement, le modernisme ambiant s’incarne, chez Papineau-Couture, à travers l’exploitation des multiples modes de jeu propres à chaque instrument. Ces « coloris » permettent au compositeur de varier ses motifs par l’intermédiaire de paramètres autres que l’harmonie et le rythme. Une atmosphère de plus en plus épurée caractérise ses oeuvres tardives.

PapineauCouture

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